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28 août 2012

On m'a appelée Mademoiselle...



Lors d'un repas au restaurant entre collègues, le serveur prend la commande et se tourne vers moi:
« Et vous Mademoiselle vous prendrez quoi? ».
Je lui réponds:
«  Mademoisêêêlle?! Pourquoi Mademoiselle?!! ».
Le serveur, interloqué, balbutie, se confond en excuses et répond:
« Ben... beuh... euh... je sais pas moi... vous aimez bien quand on vous dit Mademoiselle, ça vous fait vous sentir jeune... »
« Ouais c'est surtout une façon de « sexualiser » la femme!! Une salade gourmande s'il vous plaît! »
Puis il retourne en cuisine. Si cette scène provenait d'une bande-dessinée, une bulle sortirait de ses pensées: « Encore une chieuse féministe!! »




Certes ce n'est pas désagréable de paraitre encore jeune et pimpante mais rappelons tout de même le sens initial de cette galanterie masculine.

Si on suit la logique du modèle patriarcal, la distinction Madame-Mademoiselle laisse deviner la situation maritale de la femme. La demoiselle devient madame lorsqu'elle passe de l'Autorité de son Père à celle de son époux et qu'elle est autorisée à consommer le fruit auparavant défendu, dans le but de procréer et éduquer.

Sur les anciens formulaires administratifs figurait cette interrogation
Madame-Mademoiselle, ce qui revenait à demander implicitement: Êtes-vous vierge? Avez-vous consommé avant le mariage dans un autre but que procréer? Avez-vous pêché? Êtes-vous une catin?

Je dois avouer que je me fiche pas mal de cette galanterie mais ajoutée à d'autres mielleuseries courtoises, c'est à se demander si la femme ne se prend pas elle-même pour une quiche qui entretient une certaine domination masculine.
Se faire ouvrir la porte, se faire entretenir au resto, se faire aider pour faire un créneau, se faire aider pour bricoler,...
Non mais oh...mesdames. On n'est pas des assistées.


Notre liberté dépend de nous



Combien de femmes entend-on se lamenter? 
« Mon homme ne fait pas la cuisine, ne fait pas le ménage, ne s'occupe pas des enfants, fait la fête,... »
L'homme a bon dos mais il ne dépend que de nous de dire non et de se débarrasser de ce modèle patriarcal qui prêche inconsciemment que seul l'homme décide et a le droit de vivre pleinement alors que la femme –
ce demi-homme puisqu'elle a soit disant été crée à partir de la côte de l'homme n'est faite que pour procréer et se soumettre aux envies de l'homme. 

(Pour compléter ce passage, je vous invite à lire cet article: Dieu est mort... Vive la femme! )

Revenons sur celles qui râlent. D'après moi elles se mettent elles-mêmes dans cette situation d'infériorité et de soumission en sous-entendant qu'il existe des activités et des codes réservés aux hommes et d'autres aux femmes.

On a souvent accusé les hommes de ne pas repérer le bouton On/Off de l'aspirateur mais ne peut-on pas reprocher aux femmes de refuser ce même bouton sur une perceuse-visseuse? De ne pas vouloir monter un meuble en kit ? De ne pas laisser l'homme s'occuper des enfants? De ne pas boire d'alcool? De laisser l'homme payer au restaurant? 
Rappelons qu'apprendre à lire une recette, lire une notice d'utilisation, connaître la monnaie,... s'enseigne dès l'école maternelle – l'école mixte s'étant généralisée depuis les années 60 - et que cela concerne autant l'homme que la femme. Il ne suffit pas d'avoir quelque chose entre les jambes pour prendre un marteau, une tondeuse à gazon, changer une roue de voiture, boire de la bière, courir après un ballon, faire de la batterie, ...
 


A contrario, se raser sous les bras, prendre soin de son corps n'est pas synonyme de perte de virilité.
Quand une camionneuse ( je découvre en ce moment-même que mon logiciel word ne reconnaît pas ce mot là...) se fera traiter de «
goudou », celui qui passe l'aspirateur sera qualifié de « tarlouze »...

OUI nous avons hérité d'une société phallocrate et OUI certaines situations nous sont confortables mais les accepter c'est tout simplement admettre l’infériorité de la femme et par conséquent la supériorité de l'homme.

Cependant ne nous égarons pas. Si la femme est l'égale de l'homme, cela signifie aussi que l'homme est l'égal de la femme.


Ne partons pas non plus dans une quête de revanche castratrice stérile qui tendrait vers une société « chattocrate ». Ne reproduisons pas ce que nos ancêtres - eux - ont fait subir à nos ancêtres – elles.
Inutile de passer du canapé à la table pour manger, de le regarder passer l'aspirateur en se limant les ongles avec un sourire narquois, de balancer des idées reçues telles que l'homme ne sait pas faire deux choses en même temps (ce qui est faux, ce ne serait qu'une histoire d'équilibre entre cerveau doit et gauche et qui s'applique aux deux sexes),...
 

En bref, cessons cette guerre des sexes absurde et vivons pacifiquement en tant qu'êtres humains tout en se libérant des mentalités archaïques qu'un certain modèle nous a imposé.


Je finirai en disant que la lutte est encore longue et qu'elle aura bien avancé le jour où les femmes cesseront de souffrir quand il fait chaud et qu'elles pourront se mettre, elles aussi, torse nu...
En attendant je vais continuer à fumer des clopes autour du feu avec les hommes pendant que les femmes sont en cuisine. Point de solidarité féminine envers celles qui font perdurer la servitude de la femme.




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