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4 septembre 2013

Une rentrée sur les planches


 



Publié sur Friture Mag dans la Chronique Bancs Publics Une rentrée sur les planches.

  

Bon ben ça y est, ça fait la une des quotidiens, les JT ne parlent que de ça, ça passe en boucle sur les ondes, c’est le méga événement : la rentrée !!
Passons les topos habituels sur les effectifs, les nouveautés de la rentrée, la fameuse refondation de l’école, la question des rythmes scolaires, les soit-disant créations de postes, etc.


Ce matin j’entendais à la radio une enseignante interrogée sur ce fameux stress qu’ont la plupart des professeurs la veille de la rentrée. Outre le fait que je pense que cet état n’est pas exclusif aux enseignants, cette collègue préférait utiliser le terme de "trac", comme celui du comédien avant de monter sur les planches.

C’est vrai qu’à partir du moment où on formule des phrases qui sortent de notre quotidien, et que notre visage montre des expressions inhabituelles, on peut considérer qu’on joue un rôle. C’est rare que lors d’un repas entre amis, au moment où je demande à mon voisin de me passer le sel, j’ouvre grand les yeux, je fronce les sourcils, je change ma voix et je dis : "Mais.... Si Paul a perdu 3 billes, combien lui en reste-t-il ?"
Grâce à cette métaphore, il est plus facile de comprendre et justifier pourquoi, en fin de journée on peut parfois être vidé de toute énergie.


Pour capter l’attention du public, le comédien place sa voix. S’il ne parle pas fort, on ne l’entend pas, s’il crie, l’audience va se préoccuper de l’état de son conduit auditif plutôt que de la tirade jouée mais aussi, ne désirera plus revenir voir cette pièce.
Le regard et les expressions du visage doivent également produire leur effet. Dans l’acte 1, scène 1, le dramaturge théâtralise la surprise, pour susciter l’envie de connaître la suite, puis passe de l’émerveillement (sourire, yeux écarquillés) à la déception (les sourcils se froncent), pour finir de manière plus placide sur le prologue.



L’artiste joue de son corps, il utilise au maximum l’espace de la scène, non seulement pour ne pas rester figé et endormir son auditoire, mais aussi pour que, peu importe où on est placé dans la salle, on puisse en profiter.

Mais que serait un comédien sans son texte ? Un texte ça se travaille, ça se prépare, ça s’écrit avec des didascalies invisibles au spectateur mais précieuses pour le jeu d’action, ça s’apprend, ça se comprend pour être le plus crédible possible, ça se modifie en fonction des réactions du public la veille. Mais des fois, un texte ça peut faire un flop... l’artiste ne s’attendait pas à ce que le contenu ne soit pas accessible, l’auditoire s’ennuie, regarde le plafond, jette des popcorns, est sur le point de quitter la salle. L’auteur-interprète va alors se saisir de l’un des outils dont il doit être toujours muni : l’improvisation théâtrale.

Le jeu du comédien c’est fondamental, mais la satisfaction de l’audience l’est d’autant plus. Mais d’ailleurs, qui sont ces occupants de la salle ?
On trouve des catégories diverses : ceux qui sont là parce qu’ils aiment le théâtre, d’autres n’aiment pas ça mais on les a forcé à venir, certains ont déjà vu la pièce, pour d’autres c’est une activité nouvelle. L’important est que tout le monde trouve sa place, soit installé confortablement et prenne goût à ce divertissement.


Les trois coups ont frappé, c’est l’heure d’entrer en scène.
"Est-ce que je suis prête ? Est-ce que je ne vais pas oublier mon texte ? Est-ce que je ne vais pas décevoir mon public ? "
Que le spectacle commence...!

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