Cas de démences détectés chez des lecteurs du web-zine satirique Le Gorafi

(A la manière de Le Gorafi)

 

A la fin du mois d'août, une cinquantaine de personne s'est regroupée Place de la Liberté à Toulon. On pouvait lire sur les pancartes agitées: 

"Pas envie de passer pour un con!! Restons à la maison!! Regardons la télévision!!".

Interloqué, un riverain demande à un manifestant de justifier sa révolte.

"C'est en lisant le web-zine satirique Le Gorafi chaque matin que j'ai compris qu'il y a plein d'activités à éviter si je ne veux pas passer pour un con."

René, un autre marcheur, le rejoint et témoigne:

"Au début je croyais que ce que racontait les articles du Gorafi était vrai, je trouvais ça bizarre. Mais après j'ai compris que les rédacteurs se moquaient des gens. J'ai eu une prise de conscience et j'ai réalisé qu'avec certains de mes centres d'intérêt, je passais pour un con. Pour éviter ça, j'ai tout plaqué. Je préfère rester à la maison et regarder la télé."

Pendant l'été, René a crée une association virtuelle qu'il manage derrière son écran, dans le but de réunir un maximum de personnes afin de lister les activités à proscrire de sa vie. Il nous invite chez lui. Son ordinateur est allumé 24h/24 en visio-conférence avec les membres de l'association, eux aussi favorables au "Restons à la maison".

A travers l'écran, Jacky témoigne: "Ma rencontre avec René a été déterminante, il a donné un sens à ma vie!! Il m'a montré l'article intitulé " Bilan de l’été: encore des dizaines de morceaux de musique massacrés à la guitare sur les plages en France ", j'ai réalisé que j'avais l'air d'un con à jouer de la musique. J'ai eu honte, j'ai brûlé ma guitare et je suis rentré chez moi. Je me sens libre maintenant que je peux regarder la télé."

  Les autres adhérents acquiescent et chacun tente de prendre la parole pour exprimer son expérience.

  Paul, chauffeur de bus, est révolté: "En lisant " Un chauffeur de bus acclamé par ses passagers après un trajet sans altercation ", j'ai réalisé que mon métier était mal considérés. J'ai démissionné le jour même. Je me suis acheté un écran plat. J'aime bien ce qu'ils disent à la télé, au moins c'est vrai."

  Marie-Bérénice a pris la ferme résolution d'arrêter de se rendre à des vide greniers après la découverte de " Il ne se souvient plus pourquoi il a acheté toutes ces merdes à la braderie de Lille  ". Elle nous révèle son ancien mal-être:

"J'aimais bien prendre le soleil le dimanche pour acheter des jouets à mes enfants, mais j'y allais tête baissée, je savais que j'avais l'air con, alors j'ai préféré me cacher pour fuir le regard des autres. "

  Parmi d'autres, Augustine, 17 ans, a tourné le dos non seulement aux festivals mais aussi à toute sorte de musique depuis la lecture de " Rock En Seine va rembourser les spectateurs dont les chaussures ont reçu un peu de boue ". Elle reconnaît que c'était bien de voir du monde et de s'amuser mais qu'elle a grandi maintenant et qu'elle est consciente que la réalité est ailleurs. "Je préfère être normale comme les gens à la télé." affirme-t-elle en reluquant l'i-pod jeté dans sa corbeille.

  Les discours prennent même une tournure politique. Un internaute anonyme, pas très sûr de lui, déclare: "J'ai regretté d'avoir voté Hollande et puis je suis tombé sur " François Hollande veut changer plein de choses dans plein de domaines et assez vite, parce que. " Je compte voter FN aux prochaines élections, au moins c'était bien sous Sarko."

Inquiétée par ces derniers propos mais aussi par ce manque de dérision, et interpellée par la résignation et le repli sur soi des membres de l'association, notre équipe de rédaction a sollicité Marcel Rufo, psychologue émérite. Il nous livre les premières conclusions de son enquête:

"C'est un cas de démence médiatico-névrotique qui commence à être connu chez nos confrères. Ces pathologies sont causées en premier lieu par la peur de l'autre, alors les patients ont tendance à s'enfermer chez eux en se rassurant devant leur télé. C'est un cercle vicieux car par la suite, leur névrose tend à s'accentuer dû au manque de recul que peuvent provoquer certaines émissions télévisées. On recensait 17% cas de ce type de démence en mai 2012 mais le corps médical craint que ça augmente. "

Des chercheurs ont tenté de trouver des soins de médecine douce pour soulager les patients. Le Dr. PatrickSeb a suggéré de les réunir autour d'un barbecue pour les faire sortir de chez eux, mais René a refusé en bloc. Il a appelé les membres à rejeter cette proposition: "Le barbeuck, c'est pour les blaireaux!! "

Désespérée et effrayée par ces changements de vie radicaux, notre équipe s'est renseignée et cette démence commencerait à toucher plusieurs régions de France.

Inquiétant pour notre avenir.