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2 juillet 2013

Le Blizzard intérieur

En voilà une chanson de la nouvelle scène française qu'elle est chouette.
Le texte, accompagné du clip, nous présente deux personnages, un habillé en noir l'autre en blanc qui représente le conflit intérieur d'une même personne. Après une phase de "murmure assourdissant et permanent", le personnage, se parle à lui même, est en phase d'introspection pour finir par se rassembler en aboutissant sur une prise de conscience et une renaissance symbolique.



 LE MURMURE ASSOURDISSANT ET PERMANENT
"Qui suis-je et si je suis, combien?" - Richard David Precht

Et bien oui ce "murmure assourdissant et permanent" c'est celui du conflit intérieur qui s'installe doucement mais sûrement, qui "parasite à l'intérieur, qui t'épuise". Celui qui fait qu'on pense qu'on sera "jamais assez bien". Jamais bien pour qui?
Celui qui fait qu'on à tendance à subir ce qui nous arrive, subir le regard des autres.
Celui qui dit "t'es comme ça, tu devrais, ça changerait rien si tu changeais".
Celui qui pense que "l'Enfer c'est les autres" et leur regard, celui qui nous pousse à nous adapter aux autres, celui qui nous fait changer extérieurement en fonction de ce qu'on pense que les autres attendent de nous. Celui qui fait qu'on se désassemble intérieurement en jouant plusieurs personnages. Celui qui fait qu'on ne sait plus qui on est. Celui qui ouvre un cercle vicieux contre soi-même.

Freud nommait ça les injonctions du Surmoi, Fauve l'appelle le Blizzard.

 "Et tu l'acceptes. Tu le laisses rentrer". 


MOI J'TE TROUVE MAGNIFIQUE, T'AS TOUT !
«Passant ma vie avec moi je dois me connaître» - Jean Jacques Rousseau

Le personnage entre en introspection. "Arrête!"
"Pourquoi tu te fais du mal comme ça?", "tu me brûles!", "tu m'fous des cicatrices", "j"te porte sur mon dos".
Il réalise qu'il s'épuise lui même, qu'il brûle de l'énergie contre lui, qu'il est le fardeau de lui-même, qu'il blesse son égo.

Puis, il se met comme on dirait communément un coup de pied au cul.
"Comment je ferais sans toi?", "tu vois pas qu'y a besoin de toi?", "tu vois pas que si tu fais rien, tu sers à rien?"

Il s'enlève "la merde qu'il a dans les yeux", cette mauvaise perception de lui, des autres, du monde qui l'entoure,... pour se dire qu'il a "tout", qu'il est "magnifique", pour rejoindre la maxime de sagesse que l'on entend partout et à toutes les sauces: "Aime-toi, toi même".

En s'aimant soi même, en étant rassemblé intérieurement, on est plusieurs à la fois, mais à l'extérieur cette fois-ci, selon la sensibilité de celui qui est en face. On peut paraître "un saint" et faire du bien à certains, être "une bête féroce" et blesser d'autres, "celui qui méprise" face à celui qui se sent méprisé,... On déçoit, on opprime, on rends heureux, on fait rire, sourire etc...
Nos intentions ne sont pourtant celles-ci mais être nous même provoque des réactions différentes chez les uns et chez les autres en fonction de ce qu'ils sont eux-mêmes. 
Alors que faire?... S'adapter pour les autres, au risque de s'épuiser par le Blizzard?

 Mais "le plus 'important n'est pas ce que tu es" pour les autres, "c'est ce que tu as choisi d'être" pour toi.

Dans le clip, l'homme en blanc rejoint celui en noir, il se rassemble intérieurement, le conflit est terminé.
  
SURPRISE CONNARD !
Ou une manière poétique de parler de prise de conscience...

"Tu nous entends le Blizzard?"
Le conflit est terminé, et notre personnage exprime poliment ("va te faire enculer") sa victoire contre son Blizzard, sa renaissance.

"Tu nous entends la Honte?"
Il prend conscience qu'il ne craint plus le regard, les réactions ou le jugement de l'autre. Il ne culpabilise plus d'être ce qu'il est.

"Tu nous entends la Tristesse?"
Et bien puisqu'il sait qu'il peut blesser sans le vouloir, tout en étant lui-même, il peut aussi se sentir blessé. Mais maintenant il sait que ce n'était pas l'intention de l'Autre. L'Autre n'a pourtant fait que son devoir: être lui-même aussi.

"Tu nous entends la Mort?"
Sans parler forcément de la mort physique, la mort représente la fin. Il n'a plus peur de lui, il sait qui il est, il l'assume, il n'a plus peur de montrer qui il est face aux autres, plus peur de l'avenir, d'une fin, d'une mort. Il s'engage, il décide de vivre sans "rester à côté des rails, comme une vache qui regarde le train, jusqu'à ce [...] qu'on le mette dans une boite en bois."

"Tu nous entends la Dignité?"
Dans sa période de Blizzard, sa dignité a pris, tant dans son égarement que par ce qu'il s'est imposé. Il se relève, retrouve sa dignité et est fier de lui.

"Tu nous entends l'Amour?"
L'amoûûûr...! Et bien voilà, il a fait le tour de lui-même, l'amour de soi, l'amour des autres, il n'a plus peur, il est prêt. Prêt à dire qui il est, à donner ce qu'il est et simplement ce qu'il est.

"Tu nous entends l'Univers?"
Et puis tiens, pourquoi pas élargir à tout ce qui nous entoure? Découvrir tout, tout au long de la vie, apprendre, c'est tellement épicé tel "un putain de piment rouge", tellement enivrant...



Pour conclure, le Blizzard comme image du conflit intérieur peut-être une des interprétations mais il peut tout aussi représenter la tourmente du repli sur soi et du sentiment d'impuissance envers ce que l'on croit subir alors que les réponses sont en nous.
Quoiqu'il en soit, le message est clair: Si "dans nos têtes y a un Blizzard", il est en notre pouvoir de s'en débarasser.

Nique sa mère le Blizzard...
 


3 commentaires:

  1. Une ode au courage, a se surmonter soi-même avant tout le reste!

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  2. Les réponses comme la non réponse au blizzard sont dans ET autour de nous.
    Parfois il y a du bond a demander de l'aide, a réclamer la chaleur d'une présence bienveillante.
    C'est en cela que l'amour vrai et durable est important à condition de ne pas le saper en s'enthousiasmant inutilement ou en s'enfermant dans une spirale cyclothymique néfaste. D'autant que nous sommes prisonnier d'un fonctionnement où les effets du capitalisme sont tels que cela pousse à l’obsolescence des liens de cœurs.

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  3. merci pour cette matière à réflexion, y compris les coms ;)

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