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9 juin 2013

Il était une fois un papa et une maman


  


Publié sur Friture Mag dans la Chronique Bancs Publics Il était une fois un papa et une maman.


Je viens de tomber sur cet article qui circule sur le net, sur des sites dont les sources sont douteuses et dont le discours sent la propagande ségrégationniste. Le clavier me démange...

On parle ici d’un livre intitulé "Papa porte une robe" et selon cette source, cette histoire serait ajoutée aux programmes de CP-CE1.
Je rectifie cette information.


Tout d’abord, le changement de gouvernement et la dite Refondation de l’École n’a pas abouti à un changement de programmes. Aucune circulaire n’est arrivée dans les écoles.
Ensuite, les programmes sont élaborés sous forme d’objectifs et de compétences à acquérir. L’enseignant possède une liberté pédagogique sur les supports utilisés tant que les instructions officielles sont respectées. Par conséquent aucun manuel ni livre n’est imposé mais il existe malgré tout une "liste de référence", non obligatoire, si l’enseignant manque d’inspiration.


HUMANITE VOUS DITES ?


Mais je suis surprise de voir que l’auteur de cet article qui appelle au "bon sens et à l’humanité", clame ensuite en s’exprimant sur l’homosexualité et les travestis, "qu’il s’agit d’un modèle déviant à éviter ou bien qu’il s’agit de formidables exemples à suivre et que rien n’est plus souhaitable que de se faire enfiler dans les toilettes d’un bar de nuit de Pigalle avec sa robe et ses portes jarretelles".
Nous n’avons pas la même définition de l’humanité et du respect mutuel des différences. En quoi cela gène Monsieur (Madame ?) dans sa petite vie, que d’autres aient envie de se faire enfiler ?


DIS PAPA, C’EST QUOI ETRE NORMAL ?


Le blogger dénonce aussi que "à 6 ans, avant même qu’on leur ait appris à construire quelque chose, les enseignants apprennent donc à nos enfants à « déconstruire »."
Et bien oui, de 0 à 6 ans les enfants n’ont pas passé leur temps à faire des bulles, ils se sont construits en fonction de leur environnement familial, avec des jeux et des histoires qu’on leur a racontées. L’auteur estime que les pauvres petits naïfs sont formatés à la théorie des genres et ne sont pas concernés, mais éviter le plus tôt possible de construire des modèles normés et favoriser une construction qui ouvre à la diversité semble une option avantageuse.



Intéressons-nous d’ailleurs aux histoires racontées aux enfants puisqu’il est question de ça ici.
Si on regarde les contes traditionnels, le modèle patriarcal règne. Les personnages sont des princes hétérosexuels et princesses hétérosexuelles sauvées par l’homme, qui finirent heureux, se marièrent et eurent plein d’enfants.
En ne lisant que ce schéma, l’enfant est conditionné dans ce modèle dominant hétérosexuel qu’il va interpréter comme la normalité. Lorsqu’il sera confronté plus tard à l’homosexualité autour de lui ou de lui-même (horreur !!), il percevra inconsciemment cette orientation comme quelque chose qui sort du cadre et par conséquent quelque chose de mal.


Pour rebondir sur la théorie des genres, les stéréotypes de l’homme et de la femme sont également prédéterminés dans les albums de jeunesse.
Il suffit d’observer quelques titres pour réaliser le conditionnement précoce dans lequel on enferme les petits garçons et les petites filles. Je vous laisse vous-mêmes vous amuser en regardant le rayon jeunesse dans les librairies. Voici quelques exemples.
"Les garçons, ça joue pas à la dînette." Donc un garçon n’a pas le droit d’aimer la dînette.
"Chloe joue à faire le ménage". Youpi !! Rien d’autre à proposer que la bouffe et le ménage ?


La place de chacun dans la cellule familiale est aussi déterminée. Dans la majorité des cas, c’est "Je me couche avec maman et je joue avec papa". On voit vite à qui revient la meilleure part du gâteau.

Pour finir, selon moi il est nécessaire que les enfants se construisent dans la diversité, dans le but d’abord de comprendre la différence et de se respecter mutuellement selon le sexe, l’orientation sexuelle, la couleur de peau, mais aussi pour que chacun sorte d’un déterminisme social afin d’avoir la liberté de choisir.

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