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25 février 2013

Avoir ou être?



On le sait, on vit aujourd'hui dans une société consumériste. On nous pousse tout d'abord à consommer du matériel. On connaît les dérives qui en découlent. On devient obsédés par l'avoir : avoir plus, avoir mieux que les autres. On oublie l'être, au sens d'exister. On n'existe qu'à travers ce qu'on a.
Cette consommation et cet avoir s'étendent ensuite sur le corps et l'esprit. La première chose qui va nous attirer chez quelqu'un est ce qu'il a d’extérieur, son apparence physique, superficielle et éphémère, d'autant plus qu'on parle ici d'une beauté physique subjective selon les codes et normes de notre société.
L'être, ou la beauté intérieure ne parait que secondaire, voire insignifiante pour certains.

Outre la consommation de biens matériels, du corps et de l'esprit on s'expose désormais à la consommation de concepts abstraits, tels que la culture. On consomme le savoir. Plus on sait, plus on a dans la tête, plus on a l'impression d'être quelqu’un. L'avoir l'emporte une nouvelle fois sur l'être.

Mais alors à quoi peut bien servir le savoir ? Et quelles en sont les limites ?

« Tête bien pleine et tête bien faite » 

Montaigne disait: "Mieux vaut une tête bien faite qu'une tête bien pleine."
La tête bien pleine correspond à la mémorisation, l'accumulation de connaissances, l'avoir.

La tête bien faite n'est pas comme on pourrait le penser l'opposé de la tête bien pleine mais plutôt sa conséquence.
La tête bien faite réinvestit les savoirs de la tête bien pleine pour les traduire en savoir être.
La connaissance de soi et du monde qui nous entoure (le savoir) sont des outils pour construire la compréhension de ceux-ci, mais aussi forme la morale, le jugement, la prise de recul  nécessaires pour agir et faire face aux différentes situations que nous affrontons (le savoir être).

Rabelais ajoutait : « Science sans conscience n'est que ruine de l’âme ».
Il ne suffit pas d'être savant, d'avoir de la théorie et de la rhétorique pour être libre. Il convient d'utiliser ce savoir pour gagner en liberté et en autonomie dans le but de s'épanouir: tirer des conséquences pratiques de ses connaissances théoriques.

C'est facile à dire mais si je n'y arrive pas ?

Gare à l'intoxication 

Aujourd'hui on consomme la philosophie et les livres de développement personnel inspirés de penseurs qui prônent l'Homme Libre, l'Homme Sage, affirmé et assumé, qui prend le contrôle de sa vie. C'est beau, ça fait rêver.
Bien que le fond de ces ouvrages ait une fin émancipatrice, il n'en reste pas moins qu'ils présentent une personne à laquelle il est facile de s'identifier. Le problème étant que si on ne parvient pas à corriger certains de nos comportements pour devenir cet individu utopiquement libre, on est loin de l’émancipation et on s’approche plutôt de l’aliénation. L'obsession de réussir devient une barrière à cette réussite.

Le savoir, c'est comme la nourriture. Son but est de nous donner de l'énergie. C'est fait pour être mastiqué, mâché, avalé puis digéré et surtout oublié. Si je stocke dans la bouche, je risque de m'étouffer...

Nous avons des faiblesses, acceptons-les. Passer son temps à essayer de les dépasser est un jeu dangereux. Se fixer de petits objectifs à notre portée semble plus raisonnable. L’expérience fera le reste.
Penser la vie est une chose mais la vivre en est une autre bien plus galvanisante.

Avoir ou être ? Les deux on général !!







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