On
le sait, on vit aujourd'hui dans une société consumériste. On nous
pousse tout d'abord à consommer du matériel. On connaît les
dérives qui en découlent. On devient obsédés par l'avoir :
avoir plus, avoir mieux que les autres. On oublie l'être,
au sens d'exister. On n'existe qu'à travers ce qu'on a.
Cette
consommation et cet avoir
s'étendent ensuite sur le corps et l'esprit. La première chose qui
va nous attirer chez quelqu'un est ce qu'il a
d’extérieur,
son apparence physique, superficielle et éphémère, d'autant plus
qu'on parle ici d'une beauté physique subjective selon les codes et
normes de notre société.
L'être,
ou la beauté intérieure ne parait que secondaire, voire
insignifiante pour certains.
Outre
la consommation de biens matériels, du corps et de l'esprit on
s'expose désormais à la consommation de concepts abstraits, tels
que la culture. On consomme le savoir. Plus on sait, plus on a
dans la tête, plus on a l'impression d'être quelqu’un. L'avoir
l'emporte
une nouvelle fois sur l'être.
Mais
alors à quoi peut bien servir le savoir ? Et quelles en sont
les limites ?
« Tête
bien pleine et tête bien faite »
Montaigne
disait: "Mieux vaut une tête bien faite qu'une tête bien
pleine."
La
tête
bien pleine
correspond à la mémorisation, l'accumulation de connaissances,
l'avoir.
La
tête
bien faite
n'est pas comme on pourrait le penser l'opposé de la tête bien
pleine mais plutôt sa conséquence.
La
tête bien faite réinvestit les savoirs
de
la tête bien pleine
pour
les traduire en savoir
être.
La
connaissance de soi et du monde qui nous entoure (le savoir) sont des outils pour
construire la compréhension de ceux-ci, mais aussi forme la morale,
le jugement, la prise de recul nécessaires pour agir et faire face aux différentes situations que
nous affrontons (le savoir être).
Rabelais
ajoutait : « Science sans conscience n'est que ruine de
l’âme ».
Il
ne suffit pas d'être savant, d'avoir
de la théorie et de la rhétorique pour être libre. Il convient
d'utiliser
ce savoir pour gagner en liberté et en autonomie dans le but de
s'épanouir: tirer des conséquences pratiques de ses connaissances
théoriques.
C'est
facile à dire mais si je n'y arrive pas ?
Gare
à l'intoxication
Aujourd'hui
on consomme la philosophie et les livres de développement personnel
inspirés de penseurs qui prônent l'Homme Libre, l'Homme Sage,
affirmé et assumé, qui prend le contrôle de sa vie. C'est beau, ça
fait rêver.
Bien
que le fond de ces ouvrages ait une fin émancipatrice, il n'en
reste pas moins qu'ils présentent une personne à laquelle il est
facile de s'identifier. Le problème étant que si on ne parvient pas
à corriger certains de nos comportements pour devenir cet individu
utopiquement
libre, on est loin de l’émancipation et on s’approche plutôt de
l’aliénation. L'obsession de réussir devient une barrière
à cette réussite.
Le
savoir, c'est comme la nourriture. Son but est de nous donner de
l'énergie. C'est fait pour être mastiqué, mâché, avalé puis
digéré et surtout oublié. Si je stocke dans la bouche, je risque
de m'étouffer...
Nous
avons des faiblesses, acceptons-les. Passer son temps à essayer de
les dépasser est un jeu dangereux. Se fixer de petits objectifs à
notre portée semble plus raisonnable. L’expérience fera le reste.
Penser
la vie est une chose mais la vivre en est une autre bien plus
galvanisante.
Avoir
ou être ? Les deux on général !!
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